Bibliothèque, ouvre-toi !

    Le rapport présenté à Françoise Nyssen par Erik Orsenna et Noël Corbin en février 2018 reprend l'idée phare du rapport de Sylvie Robert (2015) : les horaires d'ouverture des bibliothèques françaises sont insuffisants et inadaptés aux rythmes de la vie des Français.

   La réflexion sur les horaires est donc un sujet incontournable, même à Lyon qui affiche avec 44 heures d'ouverture hebdomadaires une amplitude supérieure à certaines bibliothèques parisiennes, même si elle reste bien inférieure à celle d'établissements tels que Caen-la-Mer (51h) ou Le Havre (54h). Aucune bibliothèque lyonnaise n'est ouverte le dimanche ni le lundi, toutes les bibliothèques ferment au plus tard à 19 heures le soir, à 18 heures voire 17 heures le samedi, aucune n'ouvre avant 10 heures du matin. L'été, en dehors des semaines de fermeture, les horaires sont réduits et plusieurs bibliothèques fonctionnent encore avec une fermeture méridienne toute l'année.

   Face à ce constat et conscient de la forte volonté politique du gouvernement actuel et de l'équipe municipale, l'équipe de direction de la BmL étudie les différents scénarios envisageables dans une note adressée au cabinet du maire dès le début de l'année. La réflexion évoque une ouverture le dimanche après-midi pour certains sites, au moins une nocturne (21 heures) par semaine sur certains sites ainsi qu'une ouverture le lundi. Il s'agit de favoriser une meilleure lisibilité et d'augmenter l’amplitude globale proposée sur le réseau.

   Le projet d'établissement 2011-2017 souhaitait également mettre les publics au cœur de la bibliothèque, mais un projet d’ouverture du dimanche avait été stoppé après intervention de la CGT. Dans un contexte social tendu, toute modification des horaires et notamment une ouverture dominicale demandera une large concertation avec les agents ainsi qu'avec les organisations syndicales. L'équipe de direction insiste sur la nécessité de débloquer des budgets pour renforcer les équipes et pour dédommager les agents pour le travail du dimanche, et propose l'étude de dispositifs d'ouverture sans bibliothécaires expérimentés dans les pays du Nord.

Passer d’un fonctionnement vertical et morcelé à une

mise en réseau territoriale.

    Le réseau des bibliothèques de Pantin, en région parisienne, est intégré à celui des bibliothèques de l’établissement public territorial Est Ensemble. Cet EPT a succédé à la communauté d’agglomération du même nom et les services culturels des communes membres ont été pour la plupart progressivement transférés depuis 2013, sans encadrement ou ingénierie issu des villes. Si chaque bibliothèque, ou réseau de bibliothèques, des communes d’Est Ensemble a son propre organe de direction, toutes se retrouvent au sein de la direction des affaires culturelles de l’EPT avec les autres institutions culturelles, comme les établissements d’enseignements artistiques spécialisés.

  Avant la réalisation d’objectifs communs (SIGB commun, ressources numériques partagées…) la priorité de la DAC a été de se structurer et de se renforcer. Aujourd’hui les relations entre les responsables de structures et la DAC sont directes, sans intermédiaires. D’autres modes d’organisation avaient été envisagés, avec des responsables par territoires ou par disciplines artistiques, mais ont été écartés pour maintenir le mode de travail horizontal. On y voit l’avantage d’un fonctionnement fondé sur l’expertise et la force de travail des équipements et des projets qui viennent effectivement du terrain, au plus proche des usagers. Au sein de la DAC, des chargés de mission, dont une à la lecture publique, n’ont pas de rôle hiérarchique et sont encadrés par le poste d’adjoint à la direction ; c’est une caractéristique importante aux yeux de la direction qui souhaite que ces postes restent concentrés sur des problématiques métier. La DAC se consacre entièrement aux responsables de structures ; ni la programmation artistique ni la représentation institutionnelle ne se font à son niveau.

   L’objectif final est une intégration complète de la forme et des ressources en guichet arrière mais en aucun cas de l’offre documentaire ou culturelle en guichet avant. La DAC vise à trouver un équilibre entre ce qui doit être mutualisé pour un meilleur fonctionnement et ce qui doit rester singulier à chaque équipement pour assurer une offre adaptée au public. Un récent schéma de politique culturelle propose, suite à diagnostic partagé, un ensemble d’orientations politiques et d’axes opérationnels accompagnés d’une méthode de travail.

Bibliothèques et tutelles

    La Médiathèque André Malraux (MAM) se situe dans un territoire doté d’un réseau de lecture publique riche et intéressant. Cet établissement, qui appartient à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), se situe dans un quartier en plein développement de la ville de Strasbourg, au sud du quartier historique de la ville et de la Krutenau en cours de requalification et au nord du quartier résidentiel de Neudorf. Installé bien en vue sur la presqu’île artificielle des anciens docks, au cœur d’une zone active de la ville, cet équipement d’envergure rayonne sur le quartier, la ville, l’EMS et la région, voire au-delà.

   Cette situation multiscalaire révèle bien l’ambition d’un établissement intercommunal d’exception tant dans son architecture que dans son offre de service, ambition de s’inscrire dans un territoire riche et complexe. Si la MAM ouvre en 2008, la commune de Strasbourg était déjà dotée d’un réseau qui compte aujourd’hui un bibliobus et huit établissements répartis dans les différents quartiers de la ville dans le but de garantir un service de proximité efficace. Le choix de l’EMS de construire un réseau communautaire a répondu à une volonté de porter la Lecture publique à l’échelle du bassin de vie et de combler quelques lacunes résiduelles.

    D’où la construction d’un réseau constitué de la MAM et de trois médiathèques dites de bassin de vie, une à Illkirch, une à Lingolsheim et la dernière (encore en construction) à Schiltigheim. Ce réseau de bonne qualité s’est dès le départ articulé avec le réseau communal via la création d’une direction du service de la lecture de l’Eurométropole qui chapeaute la direction des médiathèques de Strasbourg et celle du réseau communautaire. La migration du traitement des agents municipaux vers l’administration communautaire opérée dès 1972 a facilité la mise en réseau entre ces deux établissements qui dépendent de deux collectivités proches mais distinctes. La mise en place très récente du PIRA (navette documentaire) vient renforcer leur coopération.

Médiation et valorisation plurielle des collections à la médiathèque de Calais

   Les bestsellers ont leur place en médiathèque ! Dans la lignée des initiatives nées dans les médiathèques de Saint-Etienne, les agents du réseau de Calais ont choisi de valoriser les meilleures ventes/bestsellers. Grâce à un circuit alternatif de traitement des documents, tout ouvrage entré dans le classement Edistat (à l’exception des livres scolaires) arrive sur les étagères de la médiathèque deux semaines seulement après son entrée dans le classement. Les documents sont alors mis en avant dans le hall d’accueil sur un présentoir dédié et réapprovisionné tous les samedis. Ils feront partie de cette collection pendant six mois, après quoi les bibliothécaires choisissent ou non de les intégrer au fonds général.

  Ce dispositif spécifique de médiation a permis l’entrée dans les collections d’ouvrages issus des éditions Harlequin. Cela a engendré la création d’une collection « Rouge Baiser », générée également à la suite d’un premier travail bibliographique sur la littérature érotique occasionné par la médiation autour d’une exposition sur Le Baiser de Rodin organisée en 2017 au Musée des Beaux-Arts.

   Ce choix entre en cohérence avec une dynamique facilitatrice d’appropriation des collections portée par le réseau de lecture publique de Calais. La médiathèque, en proposant des livres que l’on pourrait retrouver dans n’importe quelle librairie de supermarché se positionne comme un lieu accessible et destiné à tous.

  Ce dispositif est une réussite : les usagers témoignent positivement de son installation et les prêts ont augmenté en partie grâce à ce fonds doté d’un taux de rotation de plus de 8. L’action sera également prochainement étendue aux livres jeunesse.  

 Au cours de mon stage au réseau des bibliothèques de Reims, le projet principal mobilisant l’ensemble des équipes était celui de l’accueil et de son inscription dans le référentiel Marianne. Objectif 2018 de la bibliothèque, ce dernier, appliqué progressivement à l’ensemble des administrations, qu’elles soient d’Etat ou territoriales, vise à faciliter les démarches de l’usager auprès des administrations et à améliorer la qualité de l’accueil de celles-ci.

     Le référentiel Marianne présente un double enjeu pour les bibliothèques. Du point de vue des missions de celles-ci, le passage à la RFID et l’automatisation du prêt/retour placent l’agent dans une nouvelle posture davantage tournée vers l’accueil et la médiation. Les démarches qualité de l’accueil deviennent ainsi un outil au service de l’évolution du métier de bibliothécaire. Par ailleurs, dans un contexte où le rôle social de la bibliothèque tend à s’affirmer, celle-ci peut devenir le fer de lance de la démarche Marianne à l’échelle de la collectivité en proposant des services d’aide aux usagers dans leurs démarches administratives.

La bibliothèque, « porte d'entrée vers la réussite »

     La médiathèque d'Ivry-sur-Seine n'est pas un «troisième lieu ». Ouverte à tous et à tous les usages, elle n'en incarne pas moins une vision plus traditionnelle de la lecture publique. Elle est marquée notamment par une certaine idée de sa fonction au sein de la société.

     Sa conservatrice perçoit avant tout la médiathèque comme un lieu d'accès au savoir, où les conditions sont réunies pour que l'usager tire le meilleur parti des ressources qu'elle regroupe et, en définitive, s'élève grâce à elles. Cela suppose de prendre ses distances avec certains développement actuels, qui font par exemple de la médiathèque un lieu plus fluide et plus ludique, plaque tournante de services divers, sans cesse redéfini au gré des envies de l'usager.

   La médiathèque d'Ivry s'intéresse au contraire à ses besoins. Elle joue pleinement son rôle de service public et social en proposant des lieux adaptés et facilitateurs, pensés pour être facilement appropriés et lisibles, ainsi qu'un programme riche d'animations culturelles (cafés littéraires, conférences, ateliers de conversation...), conçus comme des moments de partage destinés à renforcer le lien social. Des choix accompagnent cette vision et la soutiennent : architecture des espaces, politique documentaire, mise en valeur des collections... Ils contribuent à faire de la médiathèque un espace neutre, où l'usager est au contact d'un personnel formé pour répondre à ses demandes et pour l'orienter, afin que l'établissement puisse prendre sa part dans son épanouissement personnel et citoyen.

Bref aperçu de l’action culturelle dans le réseau des bibliothèques de Montreuil

  Les bibliothèques de Montreuil sont intégrées dans la communauté d’agglomération d’Est Ensemble, en Seine-Saint-Denis. L’équipe des bibliothèques compte 60 agents ; elle est dirigée par M. Fabrice Chambon. Sans négliger la politique documentaire ni les efforts déployés en direction de publics-cibles (petite enfance, adolescents, seniors), le directeur a clairement mis l’accent, dans son projet, sur l’action culturelle. Le programme d’animations doit non seulement s’adresser à tous, mais doit aussi permettre de mélanger les publics. Il a également pour but de participer au rayonnement des bibliothèques et de les faire connaître au plus grand nombre. Ainsi, à l’été 2017, une soirée électro a été organisée à Robert-Desnos, bibliothèque tête de réseau. La présence de 6 DJ’s, d’un bar et de vigiles à l’entrée a contribué à la transformation de la bibliothèque en une boîte de nuit éphémère.

    Certains événements sont construits en commun avec les autres bibliothèques de la communauté d’agglomération (Bondy, Pantin, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, Noisy-le-Sec). C’est le cas par exemple du festival « Sciences Infuses ». Mais les bibliothèques de Montreuil participent également à des projets menés à l’échelle du département, comme le festival de littérature contemporaine « Hors Limites ».

Dunkerque et son Open Bar Bibliotheek(OBB)

  Une nouvelle bibliothèque est actuellement en cours de construction dans le centre-ville de Dunkerque et ouvrira ses portes au printemps 2019. Amaël Dumoulin, directrice du réseau, impulse une dynamique forte en matière d’advocacy, de rayonnement sur le territoire, afin de rendre les bibliothèques toujours plus attractives – d’aucuns diraient désirables – et mieux adaptées aux besoins des habitants.

  Pour ce faire, une bibliothèque éphémère, l’OBB,a été installée dans le hall d’un théâtre, en plein cœur de ville. L’OBB a été conçu comme un laboratoire expérimental destiné à tester de nouvelles pratiques qui seront, à terme, redéployées dans la nouvelle bibliothèque. Une sélection de documents et d’animations font vivre ce lieu de socialisation désormais devenu incontournable à Dunkerque.Certains habitués viennent y passer des après-midis entiers pour jouer aux cartes, aux échecs, pour travailler ou simplement discuter… Chacun est invité à s’y installer librement autour d’un café ou d’un thé servi gratuitement par les bibliothécaires. Les échanges intergénérationnels et interculturels y sont très riches dans cet espace où prime l’expérience, le sensible, le partage. L’OBB est résolument le lieu de tous les possibles et permet, par ricochet, de redynamiser le centre-ville !Cette mutualisation est gagnante à double titre : les deux établissements culturels s’y retrouvent en faisant vivre des espaces partagés. Avec ces nombreuses expérimentations de terrain menées à l’OBB depuis 2015, ne doutons pas que le succès sera au rendez-vous dès l’ouverture de la nouvelle bibliothèque !

     Un bouleversement administratif et territorial, consécutif

                                      à la loi NOTRe

   La loi NOTRe a été un accélérateur de reconfigurations territoriales en Vendée, de même qu’elle a été l’élément déclencheur d’une réorganisation des services administratifs au niveau du Conseil Départemental. Si la BDV a dû faire évoluer ses services pour mieux s’adapter aux effets induits par la loi NOTRe, elle apparaît également comme un lieu privilégié pour observer les bouleversements territoriaux à l’échelle d’un département.
   Premier effet de la loi NOTRe et ce, dans un contexte budgétaire contraint, le conseil départemental s’est restructuré en créant un pôle « territoires et collectivités ».  Celui-ci centralise dans un guichet unique, l’ensemble des services exerçant des missions de conseil et d’ingénierie pour les collectivités locales. Les subventions qui obéissaient jusqu’alors à une logique sectorielle ont ainsi été décloisonnées avec la création de Contrats Vendée Territoires qui concentrent désormais toutes les aides à l’investissement. Celles-ci sont réservées exclusivement aux projets structurants avec une dimension intercommunale. Partant, le volet lecture publique a été intégré à ces nouveaux Contrats, alors qu’auparavant les subventions à la construction ou le réaménagement de bibliothèques relevaient du périmètre unique de la BDV. Relativement à la redéfinition de cette mission d’ingénierie, le conseil départemental a adopté un nouveau découpage administratif sur lequel se calque son action territoriale. Par suite, les zones d’intervention des bibliothécaires référents de secteurs ont été modifiés de de façon à épouser les cinq nouveaux territoires d’actions départementales. Si les référents de secteur facilitent l’accès des acteurs d’un territoire aux services et ressources de la bibliothèque départementale, ils jouent en outre un rôle de conseil et d’expertise en matière de lecture publique auprès des professionnels et élus locaux.

Prise de température de la BDLA !

          Il est difficile de choisir un élément à mettre en avant, tant la Bibliothèque départementale de Loire Atlantique se lance de défis. J’ai choisi de partager avec vous un élément marquant que chacun pourra être amené à connaître au cours de son expérience professionnelle à la tête d'une bibliothèque : la conduite du changement dans le cadre d'un réaménagement d'une bibliothèque avec déménagement des collections (et des équipes). 

       En février dernier, l’ambiance était aux grands changements. La BDLA se rénove (au sens propre du terme) afin de mieux accueillir en 2019 les bibliothécaires du réseau : ouverture des magasins aux choix sur place, création d'espaces de co-working, d'une tisanerie, et pour les équipes, les pièces de travail sont réaménagées pour en améliorer l’ergonomie. La BDLA reste ouverte pendant cette année de travaux et une équipe projet mixte (agents et direction) travaille au déménagement des collections, des équipes et à l’échelonnement des travaux. Le cabinet "Grrr" a d’ailleurs été missionné pour réfléchir avec les équipes aux choix d’aménagements des nouveaux espaces. Si la décision finale revient à la directrice, Marion Druart, la constitution de groupes de réflexion thématiques et l’assurance que chacun puisse se projeter dans ses nouvelles fonctions ainsi que dans les nouveaux espaces de travail est toujours recherchée.

  J’ai fait mon stage d’observation à la Médiathèque départementale du Rhône qui a organisé en 2017 la première édition de son opération « Bébé lecteur », dans la lignée de « Premières pages » initiée en 2009 par le Ministère de la Culture et de la Communication.

   Un concours a été organisé pour la création d’un album à destination des nouveaux nés du département qui leur serait remis lors d’une réception dans la bibliothèque de leur ville ou village. Le but de cette opération est d’encourager tous les habitants du département nouvellement parents à découvrir les bibliothèques de leur ville, qu’ils soient des usagers familiers, occasionnels ou jamais venus dans cet établissement culturel de proximité. En plus de l’album offert, l’ensemble de la famille se voyait offrir une inscription gratuite d’un an pour les primo inscriptions grâce à une convention entre chaque commune et le Département. Par la même occasion, cela permettait de mettre un coup de projecteur sur le travail d’auteurs encore jamais publiés de la région Auvergne Rhône-Alpes.

   Ayant exercé les fonctions de direction de médiathèque dans des collectivités de taille moyenne, j’ai souhaité passer le concours interne de conservateur territorial de bibliothèques pour évoluer vers un poste stratégique dans un réseau de médiathèques plus important.

   Jusqu’à la réussite au concours, je dirigeais un réseau intercommunal rural dans un des plus petits départements de France : l’Ariège.

  Je souhaitais donc pour  ce premier stage, observer l’organisation de médiathèques dans un environnement complètement différent, celui de la banlieue d’une grande métropole : Vénissieux.

Les efforts d'inclusion d'un public

de collégiens

    Certains des quartiers de Beauvais sortis de terre durant les Trente glorieuses connaissent aujourd'hui, comme souvent, des difficultés sociales marquées. L'un d'eux, nommé Argentine, dispose d'une médiathèque se trouvant à proximité immédiate d'un collège. Depuis la rentrée 2017, une dysharmonie entre les horaires de l'établissement scolaire et ceux des transports aboutit, en milieu d'après-midi, à un important afflux de collégiens. L'accueil de ce public pose problème : il dépasse les capacités du lieu, et le comportement de certains élèves contrevient au calme relatif habituellement souhaité dans les structures de lecture publique. En réaction, la direction des médiathèques a proposé un plan d'action comprenant des formations à destination de l'équipe, une concertation avec le collège et la mobilisation des différents services sociaux et associations présentes sur le quartier. La présence d'adolescents en bibliothèque étant rare, l'enjeu consistait à canaliser leur flux et leur énergie sans les exclure des lieux. Cette situation montre le besoin d'adapter son positionnement en fonction des circonstances, ainsi que la nécessité de saisir les opportunités, y compris fortuites, de toucher des publics habituellement éloignés de l'offre de lecture publique.

La construction d’un réseau de lecture publique

  La communauté d’agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart est une collectivité qui regroupe près de 350.000 habitants (soit 24 communes) et qui est située en grande couronne parisienne, en-dehors de la Métropole du Grand Paris, à cheval sur deux départements (l’Essonne et la Seine-et-Marne) et sur deux univers, entre une urbanisation forte et une ruralité très proche, notamment à Sénart. Il s’agit là, en effet, de l’un des trois territoires qui constituent cette jeune communauté et, plus précisément, de son ancrage seine-et-marnais. Contrairement à son voisin essonnien, ce territoire n’avait, jusque-là, pas de réseau de lecture publique structuré, mais plutôt un ensemble d’équipements municipaux qui menaient chacun sa propre politique et ne travaillaient guère de concert qu’à l’occasion des affinités et des envies de leurs directeurs respectifs. En conséquence, l’enjeu pour ce nouveau réseau est de se doter d’une politique culturelle et de lecture publique intégrée et cohérente à l’échelle du territoire, afin d’harmoniser les pratiques et le travail des équipes, ainsi que les actions culturelles et les horaires d’ouverture, et d’améliorer le service rendu à la population grâce, entre autres, à une meilleure orchestration de la politique documentaire et à des outils plus performants pour assurer la continuité du service sur l’ensemble des communes.

Une saison culturelle dans une bibliothèque départementale

L’équipe de direction de la BDSL a décidé de créer une saison culturelle pour l’année 2014, autour d’un thème qui constitue chaque année le fil rouge de la saison. Un évènement par mois est co-construit avec les bibliothèques du réseau départemental. La saison est donc aussi un moyen de susciter des changements et de réveiller la créativité des bibliothécaires du réseau. La problématique de la construction de la saison culturelle est toujours la suivante : comment capter le grand public autour de questions importantes ? L’équipe de la BDSL a aussi créé en 2017 un festival du numérique intitulé « Sans décoder », manifestation concrète de son implication dans ce domaine, en lien avec la volonté politique du département dans ce domaine. Le pôle des services aux publics et de la médiation culturelle a été créé en 2016 et a permis de poser la question des publics que la BDSL veut toucher : les bibliothécaires par les partenariats et la formation, mais aussi le public au sens le plus large.

              Cette saison culturelle est un service adapté au contexte territorial et un moyen de fédérer les équipes et de valoriser  l’image de la structure.

http://www.bibliotheques71.fr/content/saison-culturelle

http://sansdecoder71.fr/